Par le biais de ce slam, je serais tenté de parler de rap, d’impro, de beat boxing… mais pas de culture bling bling
J’ai envie de te parler de vrai son, de grosses rimes, de beats monstreux, mais pas de style désastreux
Je kiffe la Soul et aussi le Rhythm and Bleus, et j’ai toujours le style assorti à mes shoes
Je me rappelle d’une époque où avec mes potes on faisaient les escrocs, on croyait qu’on venait de la rue et on se donnait des putains de pseudo
Ça passait par des noms de groupes tels que 2DJ, ou encore d’autres noms comme MC8, Double D ou encore N.O.R.F
Je me rappelle encore de ma première rime « appelles-moi N.O.R.F. car pour toi je suis trop orf » (j’ai honte J)
A ce moment là, on rappait à 10 sur un seul micro, on enregistrait encore sur cassette avec un sacré style rétro
On trainait toujours en bande et chacun d’entre nous possédait sur soi une feuille de papier et un stylo, et on était toujours à la quête de cette rime qui allait nous rendre fous et parfois on se tapait des impro alors qu’on ne connaissait même pas les mots
En voici un exemple « Il y en a marre de toutes ces amalgames et toutes ces prises de têtes avec nos femmes » (pour notre défense, la moyenne d’âge du groupe était de 15 ans)
Le rap pour nous c’était comme un rêve et nos inspirations ne connaissaient jamais de trêve. On posait sur beats de NTM et d’Eminem. On a assisté au tournant du Hip-Hop avec l’album de Dr. Dre 2001 et à ce moment là on rappait encore pour le fun
Même en soirée on faisait des freestyles, chacun avec son style… il suffisait d’un son de malade pour que chacun sorte sa dégaine et pour que les rimes s’enchainent.
On vivait au rythme du Hip-Hop, on était toujours tip-top, on parlait Hip-Hop, on dansait Hip-Hop avec nos pas west coast et on Kiffait à fond Hip-Hop
Nos discussions tournaient autours des dernières nouveautés et on cultivait cet art de vivre pendant nos longues soirées d’été
On s’est aussi pris pour des gangsters avec de grosses rimes amères car on voulait se donner un genre de mecs de cité, mais c’est juste que dans nos têtes nos croissances étaient précipitées
Il y avait aussi ce manque de maturité qui nous rendait rebels et on croyait à ce moment qu’on pouvait tout niquer
On parlait de show, de flow, on se prenait pour des graines de star mais au fond on était fier de porter les dernières all star
On a eu un passage à vide et de rimes on a été avides… on ne rappait plus à 10 sur un micro mais individuellement sur un mini disk (vous avez remarqué l’évolution) et on se la jouait solo pour prendre moins de risques
On vivait toujours Hip-Hop… On a jamais lâché le move, car chez nous c’était inné d’avoir un minimum de groove
Plus tard dans une quête plus personnelle, j’ai rencontré le slam, un style plus calme mais qui m’a permis de mieux exploiter mes textes afin de leur donner une véritable âme
Je ne suis pas sûr aujourd’hui que mes textes soient plus intelligents mais à mes yeux ils sont tout aussi intéressants car ils marquent des époques différentes de ma vie
Je vis toujours au rythme du rap, avec des rimes qui claquent, des jeux de mots qui frappent et cet instrumental qui me traque… cet instrumental qui me traque car dès la première mélodie ma tête se balance et mes épaulent suivent ensuite mon corps se met en danse… danse… danse
En revanche, le slam me donne quelques frissons. Les mots m’emportent dans un tourbillon de magie et de poésie. En gros je m’évade mais toujours avec un groove de malade qui libère mes émotions et dans lequel je me perds sans notions.
Et ça c’est le fruit de ma poésie urbaine !!!